Mardi 26 dernier, nous partions pour faire un peu de cascade de glace côté espagnol avec Gabriel Contraires. En s'arrêtant faire pipi et admirer le Cirque d'Anéou, paré d'une petite couche de neige fraîche tombée dans la nuit, vierge de traces au jour naissant, Gabriel me dit sur l'air des lampions "sinon, on pourrait juste faire du ski de rando ici, j'ai jamais skié à Anéou". Je lui réponds que j'ai déja skié à Anéou mais qu'effectivement, nous pourrions juste faire du ski de rando plutôt qu'aller brutaliser de la glace qui n'a rien demandé. Ce Gabriel étant affuté, je le sais oui on me l'a dit, et ne souhaitant pas aller dans le sens Contraires de cette journée, je décide de partir à gauche, le centre menant trop rapidement à droite. Peu de temps après, nous sommes au sommet du Cuyalaret et pas très longtemps ensuite au sommet de la Peña Blanca en passant par le versant sud avec des lumières magnifiques. Pas fatigués pour un sou, un itinéraire logique se construit dans nos petites têtes exaltées. Descente de la Peña Blanca jusqu'aux cabanes de la Glère, montée au Pic de Canaourouye par la combe est de la Gradillère puis l'arête reliant les deux sommets, descente à la Baigt de Houer depuis le Pic de Canaourouye, montée au Pic d'Astu, descente par la combe au pied du Caillabet de Rébec, tout ça en neige non tracée et excellente depuis le début. Montée au col d'Anéou, traversée du Pic d'Arazures, arête ouest du Pic Peyreget, rencontre au sommet avec Sylvain d'Alpy'Rando et ses copains et retour au point de départ par un couloir en versant sud-est du Pic Peyreget. Plus rien à apprendre sur le dépeautage, repeautage. Bières au Pourtalet dans une Venta avec Brice, Carole et leurs amis rencontrés au parking et la sensation de faire un truc incroyable : s'assoir autour d'une table dans un bar entre amis et raconter des conneries. Rire, du luxe en 2021. Retour maison pour couvrir le feu car on ne sait jamais... s'il finissait par prendre. Une sensation de rareté à Anéou, c'est rare, tout arrive ! Longue et délicieuse soirée à la maison avec David et Pierre venus du Couserans et d'Ariège pour parler d'un projet de film en vidant jusqu'au bout de la nuit une bouteille de génépi récolté pendant l'été au grès d'autres ascensions et lever pas assez longtemps après le dernier verre pour aller à la cascade de la Dorada en vallée d'Aure avec Jacques et Arnaud, gravie à multiples reprises avec succès par différents itinéraires, malgré les embruns neuronaux et météorologiques, ce qui n'était pas gagné d'avance. En d'autres temps avec Jacques, une journée de glace par telles conditions se serait transformée en une succulente côte de boeuf à midi dans un resto à Sarrancolin pour parler de la vie. Sans autre option et avec un père et un fils plus motivés qu'un guide mouillé torché, ça a fait une autre journée géniale. C'est bizarre, en ce moment j'ai l'impression que chaque minute de bonheur est comme volée à la vie. Au moins on apprend à vivre dans le présent, c'est toujours ça de pris.
Des photos de la journée à Anéou sur mon site en cliquant ici