jeudi 28 septembre 2023

Un président qui "adore la bagnole"

André Gorz en 1973 avait tout dit. J’aime beaucoup ce texte qui parle de celle qui est devenue notre cancer à tous, un mal devenu, et surtout maintenu, nécessaire.



"30 jours dans un igloo au cœur des Pyrénées" de Patrick Espel

Petit coup de pouce pour le nouvel ouvrage de Patrick Espel qui a passé 30 jours dans un igloo au pied de l'Ossau. On trouvera aussi des infos sur son site

La couverture


 
Extraits


jeudi 21 septembre 2023

Dolomites, Odle, Furchetta, voie Solleder-Weisner

En écho à l'article ci-dessous, je remets ce topo dans un article à part afin de faciliter son référencement, vu qu'il est difficile de trouver des infos sur cette voie on the web...



Les voies Solleder au Saas Maor et à la Furchetta dans les Dolomites

Quand un client annule le vendredi pour le dimanche une semaine prévue de longue date dans les Dolomites, c'est toujours un peu... déstabilisant. Surtout quand un anticyclone y est prévu, une fois n'est pas coutume. C'était sans compter sur Kaoli qui a pu chambouler son programme, moyennant quelques contorsions acrobatiques.

L'an passé, nous avions gravi ensemble la voie Solleder-Lettenbauer en face nord de la Civetta. Lors d'une visite à Philippe Brass et sa famille qui vivent près d'Agordo une partie de l'année, il nous avait parlé de la "trilogie Solleder", les trois grandes voies des Dolomites qu'Emil a ouvert. Début septembre 1925 pour celle de la Furchetta, dont je n'avais jamais entendu parler et qui serait le premier passage de VI des Alpes, à coup sûr la moins classique des trois, celle de la Civetta une dizaine de jours plus tard et celle du Sass Maor en 1926. L'idée de cette trilogie n'était pas tombée dans l'oreille des deux sourds que nous sommes pourtant parfois...

Nous attaquons notre petit séjour de cette année par un tour de chauffe au célèbre et ludique Spigolo del Velo de la Cima de la Madonna où nous avons la chance d'être seuls au-dessus des nuages.




Le lendemain, en compagnie d'une cordée d'allemands bien sympas, le Sass Maor nous offre le loisir de confirmer, si besoin il en était, tout le talent de Solleder qui avec Kummer a trouvé un cheminement bien astucieux et pour le moins audacieux au travers de traversées improbables sur la belle et impressionnante cuirasse de la face sud. 







Après pas mal de tergiversations au vu de la distance qui nous sépare de la Furchetta située tout au nord du massif dans le groupe de l'Odle, nous finissons par prendre notre courage à deux mains pour affronter les routes encombrées des Dolomites, que nous encombrons aussi, et rejoignons le préservé Val de Funes, terre natale et des premières armes de Reinhold Messner. Ici, tout est propre et bien rangé, les géraniums aux balcons encore plus abondant qu'ailleurs.

Nous faisons un peu moins les malins au pied de cette face nord, haute de 800 m et pour laquelle on trouve peu d'infos sur internet. Un marteau et quelques pitons semblent utiles, je les ai consciencieusement laissé à Chamonix 5 minutes avant de partir, on verra bien. Les deux premiers tiers sont assez rapides puis il faut réfléchir pour trouver le bon cheminement, ne pas prendre une option sans issue, progresser sans se précipiter d'autant plus que le rocher n'est pas de première qualité en comparaison à bien des itinéraires des Dolomites.

La plupart des pitons sont vraiment d'époque mais finalement les relais se renforcent plutôt bien sur friends. Un piton de plus à certains d'entre eux ne feraient pas de mal pour de futures ascensions, si quelqu'un a le courage de s'y coller. C'est surtout en se mettant à la place de Solleder et Wiesner que l'on est intimidé car en levant la tête, ils ont du souvent se demander si ça sortirait tout là haut dans ce surplomb fendu d'une fissure large d'apparence rébarbative qui aurait pu être du 7b comme du V+, qu'elle est finalement. Des trois grandes voies Solleder, celle-ci est peut-être la plus sérieuse de nos jours, car bien moins parcourue que celles du Sass Maor et de la Civetta. Nous avons mis 4 heures pour celle du Sass Maor, 8 heures ici.








Le retour, une bonne petite marche de 3 heures sans chômer, se fait en descendant d'abord versant sud avant de remonter à un col à l'ouest du Sass Rigais afin de basculer du bon côté. Les paysages y sont magnifiques.




 

Si cela peut aider à trouver plus facilement des infos sur cette voie, j'ai fait un topo en prenant des notes au fur et mesure de l'ascension.


Au terme de ce bref séjour, il a fallu, avec plaisir, retrouver mon travail à l'Ensa qui consistait la semaine dernière à organiser une épreuve d'orientation de nuit pour les aspirant(es)-guides. L'occasion pour moi de découvrir, souvent y allant à vélo pour joindre l'utile à l'agréable, le préservé, doux et accueillant plateau de Cenise et ses vaches sympathiques. Un endroit pourtant menacé par un projet de complexe de ski de fond, on arrête pas le progrès. Deux documentaires que j'ai aimé à ce sujet : "Sur un plateau d'argent" et "La poudre aux yeux". Tous les stagiaires ont réussi à trouver les balises qui leur étaient destinées, bravo à eux car dans le brouillard, sous la pluie, par une nuit noire et fréquemment surpris par des vaches aussi surprises qu'eux, je ne serais peut-être jamais devenu guide si cette petite trotte nocturne avait existé à l'époque. D'ailleurs, ironie du sort maintenant que je gère depuis quelques années ces épreuves de boussole et d'altimètre dans la formation de guide, j'ai raté deux fois, à cause de l'orientation, le probatoire du diplôme d'accompagnateur en moyenne montagne, le graal en ces temps lointains pour avoir le droit de se présenter aux épreuves d'entrée en formation de guide. Ces dernières se sont mieux déroulées, un piton extra-plat étant plus facile à différencier d'un bong, en comparaison d'une brebis d'avec une grassette à longues oreilles.



 

jeudi 31 août 2023

Ultra sieste

Petit clin d'œil à la grande foire aux vanités en cours cette semaine à Chamonix

Dolomites

Comme chaque année, nous avons passé une partie du stage de guide dans les Dolomites. C'était la semaine dernière. Un beau soleil sans orage, comme rarement là-bas, nous a accompagné, les chaleurs excessives nous obligeant même à grimper en face nord chaque jour. Quelques photos...

L'embarras du choix et choisir c'est renoncer, éternel dilemme
 
Sass Pordoi et Marmolada
 
Sasso del Croce
 
Dièdre Mayerl-Rahracher au Sasso del Croce
 

Voie Masiner-Moroder à la 4ème Tour de Sella


Le bon chemin dans les rochers du Vignemale

La Compagnie des Guides des Pyrénées propose un topo qui doit permettre de suivre le bon cheminement dans les rochers sommitaux de la Pique Longue au Vignemale. En effet, beaucoup de gens s'y égarent un peu, provoquant des chutes de pierre sur les autres. Si ce document peut aider un peu à améliorer la situation, tant mieux !

Dans le même esprit, nous avions fait l'an passé un topo de la voie normale de l'Ossau, l'occasion de le remettre ici


dimanche 13 août 2023

Voie Ratti-Vitali en face ouest de l'Aiguille Noire de Peuterey

 

 
 
Arrogante mais suscitant l'envie lorsqu'elle est au soleil, austère et rebutante lorsque plongée dans l'ombre, la Noire de Peuterey intimide avant tout. La voie Ratti-Vitali dans sa face ouest est une "vieille classique" comme on dit. Ouverte en août 1939 en trois jours, elle est aussi restée dans la littérature alpine comme étant la dernière grande voie ouverte avant la seconde guerre mondiale. 
 
Ce n'est pas la première voie à laquelle penserait un alpiniste qui souhaite écumer les classiques du massif du Mont Blanc car son approche par le tumultueux glacier du Frêney jouit d'une réputation sulfureuse. 
 
 
Peu fréquentée jusqu'à il y a quelques années, elle attire de nos jours plus de monde, inéluctablement aussi des gens qui brûlent peut-être un peu les étapes, à cause d'un étonnant rééquipement des relais sur goujons qui permettent de descendre la voie en rappel à tout moment et annule l'engagement, alors qu'auparavant il fallait sortir au sommet pour descendre par l'Arête Est.

Avec Kaoli, nous avons beaucoup aimé cette voie, aux airs de vacances en comparaison au Pilier du Frêney qui avait été dur pour l'un comme pour l'autre. L'approche que je redoutais un peu s'est finalement révélée être une aimable randonnée glaciaire grâce aux conditions de cette année. Nous sommes descendus par l'Arête Est, aujourd'hui plus roulante qu'il y a quelques temps grâce à un abondant balisage et au rééquipement des rappels. Ça reste cependant "a long way" et on peut dire qu'une seconde journée commence quand on est au sommet de la Noire.