dimanche 3 février 2019

Rubrique « vieilles casseroles »

En faisant du ski de rando ce matin, je cherchais pourquoi cette date du 3 février me parlait. Pour réaliser qu’en fait il y a 20 ans exactement, je remontais seul les 500 mètres de la Grande Cascade de Gavarnie, cette fascinante chute d’eau, emblématique du pyrénéisme, que ce soit pour les artistes, les géologues, les romantiques, les promeneurs ou les sportifs.
C’était la troisième ascension, réalisée au pas de course en 3 heures, afin de rester le moins longtemps possible exposé aux risques de chutes de glace, massives et fréquentes dans le coin. La première s’était faîte en 1978 par Dominique Julien, Rainier Munsch dit Bunny, Michel Boulang et Serge Castéran, portés par la fougue et l’insouciance de la jeunesse, alors que la pratique de la cascade de glace en était à ses prémices dans les Pyrénées. Ils avaient bivouaqué à mi-hauteur, puis une seconde fois en haut. Tout était alors à inventer. Aucune faute de goût, ils avaient commencé par la plus grandiose, après un petit tour de chauffe dans les Mystiques et Banzayous. Pendant les années qui ont suivi, Dominique Julien s’est méthodiquement appliqué à ouvrir avec différents compagnons toutes les cascades majeures du Cirque.
La seconde ascension revient à Máximo Murcia et Guillermo Mateo en 1986, avec un bivouac au coeur d’un des hivers les plus froids des dernières décennies, en passant directement au centre, là où elle est le plus raide. Une autre voie en fait, plus difficile et encore plus exposée.
Elle a ensuite connue un certain nombre de répétitions pendant une semaine de l’hiver 2005, alors qu’au bénéfice d’un froid durable, elle avait fini par se figer entièrement. Philippe Batoux et Christophe Dumarest avaient même fait Thanatos le matin et la Grande Cascade l'après-midi ! Depuis, je ne crois pas qu’elle ait été de nouveau visitée. 
Souvenirs souvenirs… Me reviennent surtout à l’esprit le gros shoot d’adrénaline, ou de dopamine, ou d’un peu de tout, en parvenant au sommet (les premiers n’avaient pas appelé la voie « Overdose » pour rien), le bruit assourdissant de l’eau issue du surplomb sommital lorsqu’elle venait s’abattre 60 m plus bas quand les rafales de vent ne la portait plus et de la vue imprenable sur les cascades du premier étage qui, bien qu’elles fassent déjà 300 m, me semblaient minuscules.