Bien heureux de retrouver Patrick après un Thanatos magique à Gavarnie cet hiver. Du couloir Arlaud-Souriac, le projet, aux Mallos de Riglos finalement, tous les chemins (ou plutôt toutes les routes) mènent aux parois. Un petit vent frisquet et tumultueux, qui semblait surtout plaire aux vautours calés en stationnaire face aux bourrasques venues du nord, nous a accompagné hier sur le fil du Firé par la voie Rabadá-Navarro. J'hallucine à chaque fois de l'audace de ces ouvreurs en 1961, remontant 6 jours durant cette proue sans jamais forer un seul trou pour poser un buril, alors que cette technique existait déjà. Une œuvre d'art tout autant qu'una pesadilla. Aujourd'hui, la voie compte plus ou moins 60 goujons et on fait ça dans l'après-midi après s'être arrêté manger une tortilla avec pan con tomate, accompagnée de plusieurs cafés avant que ça ne tourne à la bière, en se racontant comment la vie elle en est où.
Ce matin, après un bivouac avec la toile de tente collée à la joue et l'impression de dormir dans le réacteur d'un Boeing 747 (j'exagère toujours), nous avons opté pour l’ultra-classique et très agréable voie José Antonio Sanz au Mallo Frechin, rééquipée en mode "love climbing", comme il se dit en Espagne pour qualifier ces voies où l’on risque plus la foudre, tant les goujons sont proches, qu’un grand trou dans l’air en battant désespérément des ailes. Ce qui nous allait très bien.