Arrogante mais suscitant l'envie lorsqu'elle est au soleil, austère et rebutante lorsque plongée dans l'ombre, la Noire de Peuterey intimide avant tout. La voie Ratti-Vitali dans sa face ouest est une "vieille classique" comme on dit. Ouverte en août 1939 en trois jours, elle est aussi restée dans la littérature alpine comme étant la dernière grande voie ouverte avant la seconde guerre mondiale.
Ce n'est pas la première voie à laquelle penserait un alpiniste qui souhaite écumer les classiques du massif du Mont Blanc car son approche par le tumultueux glacier du Frêney jouit d'une réputation sulfureuse.
Peu fréquentée jusqu'à il y a quelques années, elle attire de nos jours plus de monde, inéluctablement aussi des gens qui brûlent peut-être un peu les étapes, à cause d'un étonnant rééquipement des relais sur goujons qui permettent de descendre la voie en rappel à tout moment et annule l'engagement, alors qu'auparavant il fallait sortir au sommet pour descendre par l'Arête Est.
Avec Kaoli, nous avons beaucoup aimé cette voie, aux airs de vacances en comparaison au Pilier du Frêney qui avait été dur pour l'un comme pour l'autre. L'approche que je redoutais un peu s'est finalement révélée être une aimable randonnée glaciaire grâce aux conditions de cette année. Nous sommes descendus par l'Arête Est, aujourd'hui plus roulante qu'il y a quelques temps grâce à un abondant balisage et au rééquipement des rappels. Ça reste cependant "a long way" et on peut dire qu'une seconde journée commence quand on est au sommet de la Noire.