mercredi 16 octobre 2024

Traversée Méditerranée - Atlantique à vélo

 


Les Pyrénées s’étirent de la Méditerranée à l’Atlantique, qui semblent exercer sur elles un pouvoir d’attraction. Le désir de relier l’une à l’autre ces étendues aquatiques vient comme une évidence lorsque l’on regarde une carte. J’ai eu la chance de faire cette traversée de différentes manières, d’abord à ski en 1995 avec Francine et Benoît, puis à vélo par les cols du versant français en 2016, puis à pied d’un bon pas en 2018, puis de nouveau à vélo en 2022 par les cols versant espagnol.

Cette fois, intrigué par ces courses cyclistes actuelles d’ultra-distance en autonomie et constatant que des gens sont capables de rouler 400 km pendant plusieurs jours avec très peu de repos, mon idée était d’expérimenter le fait de rester longtemps sur mon vélo. J’ai choisi pour cela de joindre de nouveau la mer à l’océan, cette fois en longeant la chaîne par le piémont. Quelques hésitations sur le meilleur itinéraire et finalement c’est l’application Komoot qui a un peu décidé pour moi, avec un cheminement sympathique par les petites routes de campagnes entre Foix et Tarbes, puis la rive gauche des gaves réunis sur la fin. Le reste sur les nationales principales mais aux heures où je m’y suis trouvé, il y avait peu de circulation.

Je suis parti d’Argelès-sur-Mer samedi 12 octobre à 5 h du matin et suis arrivé au Rocher de la Vierge à Biarritz à 10 h le lendemain. Un total de 505 km et 3750 m de dénivelé positif, parcourus en 22h50 effectives, 29 h avec les pauses, dont 45 min de sommeil à 6h30 du matin dans un abribus un peu avant Peyrehorade, car je commençais à vraiment dormir sur le vélo, la chute devenant une option imminente.

Ce sont les 100 premiers km qui m’ont paru les plus longs. Il ne faut surtout pas regarder le compteur en pareil cas, puis le corps fini par se mettre au diapason, peut-être comprend t’-il que de toutes façons, il ne va pas avoir le choix ! J’ai surtout apprécié la pause à Foix avec l’inénarrable et non moins guide et cycliste Fred Talieu, puis l’hululement des chouettes parmi le calme de la nuit sur les petites routes de traverse en Bigorre. Ce sentiment de décalage aussi, à rouler aux heures énigmatiques de la nuit entre Tarbes et Orthez, me demandant où en étaient dans leurs vies ces rares conducteurs qui me doublaient, rentrant de fête, d’un rendez-vous amoureux, partant peut-être au travail, heureux ou désespérés ?

Le Pic du Midi de Bigorre, du moment qu’il m’est apparu, n’a fait que reculer au fur et à mesure que je pédalais dans sa direction et je n’ai pas eu le loisir de constater que je le dépassais enfin car la nuit était déjà tombée. J’ai été surpris de voir comment mon énergie était revenu après ces 45 minutes de sommeil à même le sol juste avant l’aube. Je me suis même surpris à appuyer fort sur les pédales le long de l’Adour, comme si je commençais à peine un petit tour sportif pas loin de la maison. Finalement le plus dur a été, après deux heures de pause au Rocher de la Vierge à faire alliance avec une goéland qui a presque fini sur mon épaule, de devoir pédaler à nouveau pour revenir sur mes pas et prendre le train à la Gare de Bayonne. Cette fois j’avais vraiment mal partout et ne pensais qu’à dormir.

Quelques images ci-dessous de ce petit périple.